Avis des lecteurs
-
Avis de bibliothécaire
Travail de documentation extraordinaire et rare qui ne peut qu'inspirer du respect (quatre ans de travail). De plus "Terra Australis" est un très bel objet éditorial, servi par un papier de qualité et une couverture remarquable. Le dessin est à nuancer. Tout est fait numériquement avec un ordinateur, P. Nicloux ayant dans un premier temps dessiné les 80 premières pages à la main pour finir par opter pour la solution numérique. Le dessin s'en ressent par moment notamment sur quelques détails choquants comme les barreaux de prison et des différentes structures. Même si globalement le rendu en noir et blanc témoigne d'un certain talent (à voir les doubles pages de paysages ou les scènes sur l'océan). Néanmoins si les paysages sont souvent remarquables, comme le rendu du bush austral, les faciès des personnages sont parfois brouillons. Une fois l'album terminé, on est déçu que l'aventure s'achève. La fin est un peu brusque (bâclée?), mais il doit être extrêmement complexe de mettre un point final à une telle aventure. On ressort en tout cas touché par un récit fort. D'un point de vue historique, Bollée prouve si c'est encore à démontrer que la BD peut être un formidable outil pédagogique. Il y a un réel souci de coller à l'Histoire est aux faits historiques sans être rébarbatif.
par Guillaume, bibliothécaire Le 03 mai 2014 à 17:05 -
Avis de bibliothcaire - Médiathèque de Chatillon
Bollée, scénariste depuis 20 ans mais peu reconnu ("Apocalypse mania", "L'ultime chimère", "Un long destin de sang") sort enfin des rangs avec ce très bel album. Amoureux de l'Australie, habité par l'envie de raconter la genèse de sa colonisation, il a mené contre vents et marées cet ambitieux projet. Et il a eu raison car le résultat est enthousiasmant ! Bollée a su transmettre toute sa passion dans ce roman graphique de 500 pages. Il a réussi à donner vie à tous ses personnages, les historiques comme les inventés. Et comme l'écrit Guillaume ci-dessous, on les quitte à regret, en fait assez frustré qu'il n'y ait pas de tome 2... C'est intelligemment écrit, sans manichéisme ni angélisme (les aborigènes ne sont pas forcément de bons sauvages pacifiques). La qualité des dialogues est aussi à souligner. Côté dessin, on est stupéfait d'apprendre que tout est créé sur ordinateur, tant le trait semble avoir été réalisé à la plume et à l'encre de chine (avec quelques retouches numériques). Le noir et blanc ne nuit pas à l'émotion et on oublie vite ses clichés sur la terre forcément ocre de la terra australis. Nicloux restitue avec justesse aussi bien la fureur des océans que la végétation australe et sa mise en scène est lisible et fluide. Pour conclure, il est réconfortant de constater que des auteurs et un grand éditeur se lancent encore dans des défis risqués : raconter en BD la naissance de l'Australie à un public européen francophone En 500 pages!
par Olivier, Médiathèque de Chatillon Le 03 mai 2014 à 14:19